Rédiger en début de semaine une liste de corvées au crayon de papier.
Mettre un petit astérisque devant chaque tâche à effectuer :
. Vider poubelles
. Aller au cinéma
. Nettoyer cage du cochon d’inde
. Lancer baballe au chat
. Manger rocher Suchard en milieu de semaine
. Ne pas trop râler
. Payer impôts
. Embrasser plus souvent mes enfants
Gommer avec une extrême jouissance chacune des « tâches » une fois accomplie même s’il s’agit d’une distraction ou d’une chose agréable ; comme si le but à atteindre était la feuille blanche… comme si, débarrassée de tous les détails du quotidien, l’écriture vraie allait enfin pouvoir commencer.
S’installer dans une chambre parfaitement rangée, sur un lit impeccablement fait
Déposer son chat sur la couette pour assurer une présence calme et bienveillante.
Se munir d’un bloc à petits carreaux (parce que les grands carreaux c’est l’école et que les petits c’est la liberté, même s’ils ressemblent à du grillage serré.)
Affûter son crayon, le tailler un peu trop pour que le bout de la mine éclate au premier mot comme le signal pétaradant d’une course automobile qui démarre.
Écrire vite pour ne pas laisser filer les idées, qui, lorsqu’elles arrivent, se pressent comme une foule surexcitée ; pattes de mouches transportant les émotions comme une colonie de fourmis chargée de feuilles…
Au service de la main, la gomme blanche est prête à intervenir de toute urgence pour effacer une faute d’orthographe indigne, une vilaine répétition ou une pensée idiote. Seule la gomme sera témoin de ces ignominies, transformées par ses soins en poussière grisâtre.
Non loin de là, le taille-crayons métallique démodé attend. Il guette l’émoussement de la mine tout en se lamentant de ne pas avoir, comme ses confrères plus à la mode, un estomac amovible où il pourrait recueillir des mètres de « taillure » jusqu’à s’en faire péter la sous ventrière !
Tout proche, l’ordinateur est au chômage technique. Il sait bien que la main n’aura pas l’audace de lui présenter la petite nouvelle avant qu’elle ne soit couchée sur le papier. A lui alors, la noble mission de l’embellir, de la dompter, et de proposer à la main, tel un grand couturier, la police d’écriture qui siéra le mieux à sa merveilleuse conquête, l’histoire.
MH
Petite questionnette: Et vous, quels rituels vous sont nécessaires pour écrire ?
Ce texte m’a été inspiré par https://lateliersouslesfeuilles.wordpress.com/ qui proposait d’imaginer une recette non comestible !
J’aime bien lire ce genre de texte sur le processus créatif de chacun-e 🙂 Pour ma part, pas de rituel particulier, mais des prises de notes tout au long de la journée selon l’inspiration. Ce peut être pendant que je marche, fais du sport, les courses ou pendant que je travaille, regarde la télé, discute avec quelqu’un. Voire, la nuit entre deux micro-réveil. J’ai toujours carnet et stylo, au pire mon smartphone, à portée de mains pour collecter idées, phrases, etc… Et quand j’ai un espace de liberté j’ouvre mon ordi et mets en place, garde ou parfois oublie toutes ces phrases. Chez moi, mes deux chats viennent souvent se coucher près de moi quand j’écris, et là je suis dans ma bulle. J’adore ça !
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Merci pour ce commentaire intéressant. Je me dis qu’il faudrait toujours avoir un carnet en main pour noter mais je ne le fais pas … Je vais essayer d’y penser, d’ailleurs une amie m’avait offert un petit carnet rouge dans ce but et je ne l’ai pas assez utilisé !
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J’adore le ton de ce texte ! Pour ma part, j’écris et rature dans ma tête et je tape les mots quand ils ne demandent plus qu’à en jaillir !
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C’est un peu la même chose pour moi. Les mots se bousculent dans ma tête jusqu’à ce que je ne puisse faire autrement que de les déverser sur le papier pour calmer le remue-ménage créé par toutes ces bribes indisciplinées…
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C’est tout à fait ça !
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J’aime beaucoup ton « remue-ménage de bribes indisciplinées »
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Mieux vaut écrire que d’attraper mal à la tête ! Les mots ont une vie propre avant d’être couchés sur le papier ou sur le clavier…
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Il y a toujours une sorte de rituel permettant d’entrer dans sa bulle de créativité. Pour ma part, l’écriture manuscrite me paraît trop lente, comparativement à un clavier d’ordinateur qui peut aller à la vitesse de mes idées et surtout qui me permet de relire, corriger, déplacer, mais je comprends que chacun ait ses propres rituels.
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Belle recette !
J’aime beaucoup la comparaison du crayon bien taillé et de la course automobile 🙂
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Merci !
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Je note !
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