Flowers Fields Forever

Pour l’Agenda Ironique de mars, Isabelle-Marie nous propose d’écrire une histoire printanière avec pour cadre un champ rempli de fleurs pas très sympathiques et pas forcement recensées par les botanistes ; une seule  est imposée : le pissenlit, ainsi que la présence d’un objet garant du temps (horloge ou autres montres) et d’une valise. Les mots : graine, sauvage et corolle seront à incérer dans le récit ! Gros boulot !!

La maman de Coco et le Docteur Foldingue s’entretiennent, lors d’une visite médicale à domicile :

-Mon fils de trente ans pisse en lit toutes les nuits !

-Il n’est pas très en avance !

-Non, Coco est en retard comme le lapin blanc d’Alice au Pays des Merveilles

-A-t-il une montre ?

-Ah non…

-Je connais un champ où le lapin de Pâques cache des montres en or à la place des œufs en chocolats ! D’ailleurs, c’est là que le lapin d’Alice a trouvé sa montre-gousset !

-Vraiment ?

-Vraiment. Et comme Pâques c’est demain, vous feriez mieux de faire vos valises. Coco en a une au moins, de valise ?

-Oui, une valise en carton, il a déjà pissé dans tous les hôtels d’Europe avec sa valise, il adore voyager de lit en lit, vous savez !

-Parfait, partons sur le champ, alors !

A bord de l’ambulance vrombissante du Docteur Foldingue, le voyage passe très vite, Coco ronfle sur l’épaule de sa maman tandis que le médecin conduit au rythme sauvage des Carnivorous Plants, le nouveau groupe de hard rock qui fait fureur dans sa clinique.

Quand ils arrivent à destination, c’est l’éblouissement total… Coco et sa maman n’en croient pas leurs yeux. Le champ vert tendre digne d’un tableau de Monet est parsemé de mille fleurettes multicolores plus attirantes les unes que les autres. Apres ce long voyage Coco a naturellement envie de faire pipi :

-Comment s’appelle cette adorable fleur ébouriffée, Maman ?

-Un pissenlit, mon chéri.

-Alors c’est sur elle que je vais pisser ! Répond Coco tout logiquement

Mais alors qu’il extirpe sa tige de son pantalon pour l’orienter vers le capitule de la fleur, celle-ci projette sur lui un liquide venimeux et urticant qui vient le brûler douloureusement !

-Aie aie aie ! je déteste le pissenlit !

-Parfait, c’est exactement ce que j’espérais t’entendre dire Coco ! Lui répond le médecin. Et vous me disiez, Madame, que votre fils était en retard… d’une manière générale ?

-Oui, avec les filles notamment…A trente ans il n’en n’a jamais fréquenté une seule…

-Va donc folâtrer parmi les fleurs amicales, Coco, tu y trouveras peut-être une jolie surprise ! Lance le Docteur.

Coco, à peu près remis de l’attaque du pissenlit, se résout à quitter les corolles de sa mère pour s’aventurer vers d’autres fleurs épanouies. Une ravissante tuliportie bleue l’attire irrésistiblement, il s’en approche et découvre en son cœur, une magnifique montre en or brillant de mille feux ! Prend-la, Coco et passe-la à ton poignet, lui susurre la tuliportie, tu verras, avec elle, tu rattraperas tout le temps perdu !

Et en effet, à peine la montre ajustée à son bras, Coco court à perdre haleine jusqu’à sa mère pour lui annoncer :

-Mère !

-«Mère» ?? Tu ne me dis plus «maman» mon Coco ?

-Non, Mère, et vous aussi, cessez donc avec ce surnom ridicule ! Appelez-moi Cornelius désormais, car vous avez l’honneur de parler à un homme sur le point de convoler !

-Si vite ? Répond la mère effarée

-Je vous l’avais bien dit ! Rétorque le Docteur Foldingue, ce champ recèle des pouvoirs extraordinaires !

C’est ainsi que Cornelius retourne auprès de la tuliportie et lui injecte sa petite graine. Aussitôt, voilà la belle qui se transforme en une terrifiante mégère, et qui piétine de toutes ses forces la valise en carton de Cornelius :

-Finis les voyages maintenant mon Coco ! tu es là et tu y restes, allez, aux fourneaux ! Et plus vite que ça !

Sur le chemin du retour, alors que le Docteur Foldingue chante à tue tête  Flowers Fields Forever, le dernier tube des Carnivorous Plants, la mère pleure toutes les larmes de son corps et se fait la promesse que plus jamais elle n’aura recours à la médecine !

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25 commentaires sur “Flowers Fields Forever

  1. Ouh la la tel est pris qui croyait prendre on pourrait dire t cette fois c’est le mâle qui se retrouve à jouer les Cendrillon 🙂 La mère s’en mordra les doigts toute sa vie, car adieu la descendance on dirait 🙂 Bon rythme, de la folie à chaque ligne digne d’un agenda ironique 🙂

    Aimé par 1 personne

  2. Il semblerait que le clin d’œil vers le Strawberry Fields… ait contribué à ce florilège de savoureux néologismes.
    Rafraîchissant de drôleries singulières ! Bravo, bravo, marinadedhistoires. Me suis régalé !

    Aimé par 1 personne

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