Commerce de bouche

Le texte ci-dessous m’a été inspiré par cette photo de Fred Hedlin dans le cadre de l’atelier BRICABOOK numéro 430

– C’est quoi ce magasin, Maman ?

-Une boucherie, mon petit Gaspard.

-Et qu’est-ce qu’on y vend ?

-Réfléchis un peu mon chéri !

-Bah… Dans une poissonnerie, on vend des poissons, dans une épicerie, on vend des épices, dans une horlogerie, des horloges, à la fromagerie, des fromages, alors à la boucherie, on vend surement des bouches…

-Tu vois quand tu fais un effort, tu finis par trouver, Gaspard !

-Et pourquoi, y a des rideaux ?

-Pour qu’on ne voit pas les gens qui viennent se faire charcuter la bouche, c’est un peu dégoutant tu sais…

-Mais pourquoi les gens, ils veulent changer de bouche ?

-Pour toutes sortes de raisons, Gaspard

-Lesquelles ?

-Eh bien, Monsieur Taiseux notre voisin, par exemple, il a amené sa femme ici pour lui faire boucler la bouche parce qu’elle était trop bavarde…

-La pauvre !

-Mais non, c’est beaucoup mieux pour tout le quartier, tu sais.

-Et y a qui encore, qui a changé de bouche ?

-Mademoiselle Joli, l’esthéticienne, elle a pris rendez-vous pour son fiancé la semaine dernière, et elle lui a fait changer sa bouche en cul de poule pour une bouche en cœur!

-Et il est plus beau comme ça, le fiancé ?

-Ah ça, oui… mais du coup, toutes les filles restent bouche bée quand il passe dans la rue, et Mademoiselle Joli est hyper jalouse !

-Ah bé zut alors, et qui d’autre est allé à la boucherie ?

-La mère Gisèle ! Elle avait tellement de bouches à nourrir qu’elle y a trainé tous ses gosses pour leur faire implanter des bouches cousues !

Et l’oncle Jacques qui en avait toujours plein la bouche de Céline Dion, une nuit, la tante Gilberte a fait venir le boucher à domicile et pendant son sommeil, il lui a évacué toutes les petites Célines qu’il avait jusqu’au fond du gosier !

-Et depuis, il a la bouche vide ?

-Non… malheureusement, l’opération n’a pas très bien marché, maintenant il a la bouche pleine de Lara Fabian, alors c’est pas mieux…

Et mon amie Marie-Adélaïde, qui faisait toujours la fine bouche devant mes gâteaux, devine ce qu’il lui est arrivé ?

-Je donne ma langue au chat, maman…

-Pour ses cinquante ans, je lui ai fait croire que je lui offrais des lèvres gonflées à l’acide hyaluronique, elle était toute contente, mais en vrai, je l’ai amenée à la boucherie pour lui faire poser une bouche d’égout ! depuis, elle adore toutes mes pâtisseries !!

-Ah bé ça alors… Maman, promets-moi qu’on ne rentrera jamais dans cette boucherie !

– Alors toi, Gaspard, promets-moi de bien manger tous tes épinards et d’arrêter les bonbons, sinon, je te fais greffer un bec salé à la place de ton bec sucré !

La jeune fille et le peuplier

Ecrire un poème de 20 vers dont le premier sera l’un de ceux de Taras chevtchenko : Au bord du chemin, se dresse un peuplier

Au bord du chemin, se dresse un peuplier

Jamais auparavant, je ne l’avais remarqué

Etait-il apparu? dans la profonde nuit ?

Ou bien à l’aube pâle, avant le matin gris

Comme moi il tremble, de toutes ses feuilles sombres

Et je le vois pencher son corps tout efflanqué

Arbre de cimetière, que souhaites-tu me dire ?

Que jamais il ne faut, oublier de sourire

Avant que le néant, n’efface tout sentiment

Avant que ma pauvre âme, s’envole au firmament…

Au bord du chemin, se dresse un peuplier

Chaque jour depuis ce jour, je ne fais que passer

Il m’affole, me tourmente, et me fait trébucher

Il m’épouvante tant, avec ses airs savants

Que je presse le pas, sans regarder son tronc

Ni même sa haute cime, aux oiseaux ébahis

Ni même sa robe verte, aux froufrous versatiles

Oserai-je l’avouer ? je ne peux pas l’entendre

Il veut m’en dire trop, et je ne veux comprendre

Au bord du chemin, se dresse un peuplier.

Chat va, chat vient …

Posture assise, en toute élégance
Clôture des yeux vert chartreuse
Queue fournie enlaçant quatre petons gris souris.

Miaulements en si majeur 🎶
Sourcils froncés
L’heure de la pâtée est dépassée !!

Dérapage sur parquet ciré
Mouche trop zélée
Chat chagriné.

D’un bond aérodynamique
la guêpe est capturée
Aie Aie Aie ! les coussinets.

Moustachu bicolore
grimpé sur ses griffes
hérisse son dos de dinosaure.

Oreilles rabattues
ventre à terre et queue battante
Grisou crache sa colère !

Au firmament de l’étirement
les pattes s’éternisent,
bâillement aux crocs d’ivoire.

Queue vers le ciel
Démarche chaloupée
Chat matou l’air d’aller !

Niché dans un carton minuscule
le corps souplesse
goûte les délices du confinement.

Marché de mots frais du matin 

Le ton chantant  

de la boulangère dorée, 

pain enchanté… 

Les yeux secs d’ Amandine 

étalent leurs noisettes 

aux raisins de Corinthe. 

Le prix des primeurs 

s’affole… 

Déraison de saison.

Truites truculentes 

Langoustines frétillantes 

Poissonnier écrevisse !

Edam crémière ! 

Tu faisselles qui reblochonne  

Derrière ta meule de beurre ? 

Un café pour Madame 

réchauffe ses entrailles ; 

Un thé vert pour Monsieur.

Boudin ou andouillette ?

Andy ne sait trancher, 

dilemme en charcuterie… 

Au stand des olives

Vertes senteurs

J’achète tout !

L’efficacité du poirier

Quel réconfort, par ces matinées d’hiver glaciales, de trouver mes deux gants de laine bien rangés au pied de mon lit ! J’y glisse mes mains avec délectation et commence mon parcours en poirier dans le couloir. Mon pied droit est à hauteur parfaite pour appuyer sur l’interrupteur et faire en sorte que la lumière soit dans la cuisine. Quel plaisir d’observer de si près le carrelage reluisant et le dessous de table si bien nettoyé… mais soudain, que vois-je ? Un infâme chewing-gum mâché et collé sous la chaise de mon fils ! Ce petit sacripant mériterait un bon coup de pied où je pense ! Vivement qu’il ait l’âge de raison et se tienne lui aussi à l’envers comme sa mère! Il n’aura ainsi plus d’autre choix que de dîner à même le carrelage blanc ! Impossible de dissimuler son chewing-gum dans ces conditions.

 Beurk, mon nez est aussi à hauteur idéale pour humer pleinement la litière non immaculée de mon chat ! Habilement, je soulève du sol l’une de mes mains gantées pour attraper la pelle et déverser les granulés souillés dans le sac poubelle dédié aux ordures non recyclables.

Dieu du sol ! Les assiettes d’hier soir n’ont même pas été vidées ! Aussi paresseux l’un que l’autre, le père et le fils… heureusement que le saint esprit est là pour les basses besognes ! Comme toujours, l’auge de mon mari regorge de déchets divers ; une vraie corvée de racler tous ces détritus ! La mienne est bien sûr impeccable ! Savez-vous que je mange même les pépins de pomme ? Par goût, par dégoût des restes, mais aussi par prudence, car ils contiennent une dose infime de cyanure ; ainsi, en en dégustant chaque jour quelques-uns, je suis assurée que le jour où mon époux  voudra m’empoisonner, je serai totalement immunisée !

Il est temps maintenant d’amorcer ma descente aux enfers du local poubelle. De main de maître, mon pied droit tourne la clef dans la serrure, tandis que le gauche pince le sac d’ordures avec ses deux orteils les plus costauds.

Je préfère prendre l’escalier plutôt que l’ascenseur, pour l’amour du risque et de l’exercice ! Seul inconvénient, j’ai plus de chances de croiser la mère Larigueur du rez-de-chaussée. Justement, la voilà qui me guette sur son paillasson, avec ses mocassins taille 42 et son tailleur pied-de-poule … Je ne lui serre pas la main avec mon panard droit car je crois savoir que cela la dégoûte, mais je lui fais un pied de nez (qu’elle ne voit même pas, car elle ne s’abaisse jamais à mon niveau)  Il faut dire qu’elle fait bien son mètre quatre-vingt-dix, la madame, et que se plier en deux pour reluquer ma trogne est pour elle un effort surhumain.

« – Beau temps en altitude ? » lui demandé-je pour être courtoise

-Oh oui, quel pied, ce ciel bleu aujourd’hui ! »

Puis, je continue ma descente vers le sous-sol, il est bientôt à portée de main, mais les marches sont maculées d’immondices… Heureusement que j’ai mis mes gants, la prochaine fois je porterai aussi mon masque. Ah, le masque… cela me fait penser au premier confinement ; à cette époque, la promenade aux poubelles était une  distraction prisée que mon mari, mon fils et moi-même nous disputions !

Mon pied droit dépose le sac de non-recyclable dans le grand container bleu, tandis que le gauche fait tomber à grand fracas la bouteille de Château Pied d’Argent dans la poubelle du verre. Chut ! lui dis-je, tu es bête comme un pied ou quoi… on va encore se faire repérer ! C’est fou comme dans notre cage d’escalier, le bac dédié aux bouteilles en verre est toujours plein, alors que dans le bâtiment d’à côté, il regorge de bouteilles d’eau !

Il est maintenant temps de quitter le sous-sol ; allégés de leur fardeau, mes pieds frétillent et se réjouissent à l’idée d’éplucher des pommes de terre, avant de s’alanguir sur le canapé devant leur film culte : My left foot, vous connaissez ?

Flowers Fields Forever

Pour l’Agenda Ironique de mars, Isabelle-Marie nous propose d’écrire une histoire printanière avec pour cadre un champ rempli de fleurs pas très sympathiques et pas forcement recensées par les botanistes ; une seule  est imposée : le pissenlit, ainsi que la présence d’un objet garant du temps (horloge ou autres montres) et d’une valise. Les mots : graine, sauvage et corolle seront à incérer dans le récit ! Gros boulot !!

La maman de Coco et le Docteur Foldingue s’entretiennent, lors d’une visite médicale à domicile :

-Mon fils de trente ans pisse en lit toutes les nuits !

-Il n’est pas très en avance !

-Non, Coco est en retard comme le lapin blanc d’Alice au Pays des Merveilles

-A-t-il une montre ?

-Ah non…

-Je connais un champ où le lapin de Pâques cache des montres en or à la place des œufs en chocolats ! D’ailleurs, c’est là que le lapin d’Alice a trouvé sa montre-gousset !

-Vraiment ?

-Vraiment. Et comme Pâques c’est demain, vous feriez mieux de faire vos valises. Coco en a une au moins, de valise ?

-Oui, une valise en carton, il a déjà pissé dans tous les hôtels d’Europe avec sa valise, il adore voyager de lit en lit, vous savez !

-Parfait, partons sur le champ, alors !

A bord de l’ambulance vrombissante du Docteur Foldingue, le voyage passe très vite, Coco ronfle sur l’épaule de sa maman tandis que le médecin conduit au rythme sauvage des Carnivorous Plants, le nouveau groupe de hard rock qui fait fureur dans sa clinique.

Quand ils arrivent à destination, c’est l’éblouissement total… Coco et sa maman n’en croient pas leurs yeux. Le champ vert tendre digne d’un tableau de Monet est parsemé de mille fleurettes multicolores plus attirantes les unes que les autres. Apres ce long voyage Coco a naturellement envie de faire pipi :

-Comment s’appelle cette adorable fleur ébouriffée, Maman ?

-Un pissenlit, mon chéri.

-Alors c’est sur elle que je vais pisser ! Répond Coco tout logiquement

Mais alors qu’il extirpe sa tige de son pantalon pour l’orienter vers le capitule de la fleur, celle-ci projette sur lui un liquide venimeux et urticant qui vient le brûler douloureusement !

-Aie aie aie ! je déteste le pissenlit !

-Parfait, c’est exactement ce que j’espérais t’entendre dire Coco ! Lui répond le médecin. Et vous me disiez, Madame, que votre fils était en retard… d’une manière générale ?

-Oui, avec les filles notamment…A trente ans il n’en n’a jamais fréquenté une seule…

-Va donc folâtrer parmi les fleurs amicales, Coco, tu y trouveras peut-être une jolie surprise ! Lance le Docteur.

Coco, à peu près remis de l’attaque du pissenlit, se résout à quitter les corolles de sa mère pour s’aventurer vers d’autres fleurs épanouies. Une ravissante tuliportie bleue l’attire irrésistiblement, il s’en approche et découvre en son cœur, une magnifique montre en or brillant de mille feux ! Prend-la, Coco et passe-la à ton poignet, lui susurre la tuliportie, tu verras, avec elle, tu rattraperas tout le temps perdu !

Et en effet, à peine la montre ajustée à son bras, Coco court à perdre haleine jusqu’à sa mère pour lui annoncer :

-Mère !

-«Mère» ?? Tu ne me dis plus «maman» mon Coco ?

-Non, Mère, et vous aussi, cessez donc avec ce surnom ridicule ! Appelez-moi Cornelius désormais, car vous avez l’honneur de parler à un homme sur le point de convoler !

-Si vite ? Répond la mère effarée

-Je vous l’avais bien dit ! Rétorque le Docteur Foldingue, ce champ recèle des pouvoirs extraordinaires !

C’est ainsi que Cornelius retourne auprès de la tuliportie et lui injecte sa petite graine. Aussitôt, voilà la belle qui se transforme en une terrifiante mégère, et qui piétine de toutes ses forces la valise en carton de Cornelius :

-Finis les voyages maintenant mon Coco ! tu es là et tu y restes, allez, aux fourneaux ! Et plus vite que ça !

Sur le chemin du retour, alors que le Docteur Foldingue chante à tue tête  Flowers Fields Forever, le dernier tube des Carnivorous Plants, la mère pleure toutes les larmes de son corps et se fait la promesse que plus jamais elle n’aura recours à la médecine !

Modern Cinema

Le texte ci-dessous m’a été inspiré par cette photo d’Alexandra Koszelyk dans le cadre de l’atelier BRICABOOK numéro 427 ou 428

Ce que j’aimais chez toi, Modern Cinema

c’est que moderne, tu n’étais pas.

Ton emplacement d’abord, dans une cour sans décor

ton escalier casse binette, avec en haut, une porte discrète…

c’était l’entrée de Baptiste, le jeune projectionniste

Nous, le public bien sage, on patientait devant la porte du garage

sous l’éclairage faiblard du réverbère blafard.

Mais moi, je m’en fichais de voir les autres dans la file,

le seul que je guettais, c’était Baptiste, le projectionniste

Soudain, il apparaissait, grimpait l’escalier à grandes enjambées

L’air concentré et envouté du passionné qu’il était   

pour son métier, sa cabine, ses pellicules et ses bobines,

ses montages, ses démontages, ses cylindres et ses lanternes.

Il nous offrait La traversée de Paris et Les Enfants du paradis

 Le pont de la Rivière Kwaï et Les Sept Samouraï

La Femme du boulanger et La Fille du puisatier

Il était amoureux de Manon des Sources, pas de la petite bisounourse  

que j’étais à cette époque des Shadocks et de Vidocq.

Et puis, le Modern a fermé et Baptiste s’en est allé.

Je ne l’ai jamais revu, mais quand je passe au coin de la rue

du cinéma de mon enfance, c’est à lui que je pense.

Au secours, on m’a démoralisée !

Lydia était au square avec Martin, son fils de six ans. Chaque mercredi, ils y passaient deux bonnes heures. Lydia s’enthousiasmait des prouesses du petit sur le toboggan ou dans la cage à poules, et puis aussi du beau temps quand il faisait beau et de la pluie quand il pleuvait : Une belle averse, c’est bon pour les plantes pensait-elle. Mais ce jour-là, alors qu’elle s’apprêtait à sourire à la vie comme chaque mercredi, les commissures de ses lèvres retombèrent pour donner à son visage un air «dégouté du veau froid ». Lydia fit des efforts démesurés pour rectifier le positionnement de sa bouche et écarquiller les yeux sur les merveilles du jardin public, comme elle avait l’habitude de le faire, mais non, son expression demeurait triste et blasée. Même les roulades de Martin, même le cui-cui des moineaux, même la chanson de la petite mendigote du banc d’en face n’y purent rien, Lydia avait définitivement perdu le moral.

Elle décida alors de quitter le square malgré les larmes de Martin.

Elle déprimant, et lui geignant, ils se dirigèrent vers leur appartement. Chemin faisant, ils passèrent devant la maison de repos Les Lilas Fleuris. Les pensionnaires étaient tous de sortie dans leur sinistre cour visible de la rue. D’habitude, Lydia frissonnait en voyant ces pauvres gens démoralisés qui trainaient leurs tristes silhouettes sur le bitume gris ; mais ce jour-là… Incroyable ! Extraordinaire ! Ahurissant : les dépressifs couraient dans tous les sens, certains sautaient à la corde, d’autres faisaient un joyeuse ronde, d’autres encore s’étaient lancés dans une folle partie de « trap-trap bisou » le tout dans un brouhaha des plus joyeux.

-« Mais enfin, je rêve ou ces dingos m’ont volé mon moral ? dit Lydia à son fils, c’est inadmissible, vite au poste, il faut que je porte plainte au plus tôt ! 

Quand Lydia arriva à la gendarmerie, elle expliqua son cas au brigadier en faction : 

– Monsieur l’agent, voici ce qu’il m’arrive, je viens d’être démoralisée par une bande de dépressifs ! »

L’agent n’eut pas l’ait étonné :

-Et voilà que ça recommence…mardi dernier, un monsieur sans cœur est venu porter plainte ; il faut dire que c’était la Saint Valentin, et que ce jour-là, les voleurs de cœurs sont légion. Cet homme était fort désagréable et totalement indifférent au fait que, si je recevais sa plainte, je serais en retard au restaurant avec ma Valentine !

-Alors comment avez-vous fait ? Demanda Lydia

-Je lui ai demandé de patienter cinq minutes, j’ai filé aux toilettes et je me suis arraché le cœur pour le lui donner. Il n’y a vu que du feu !

-Mais vous, alors… vous êtes allé sans cœur à votre rendez-vous galant ?

-Oui, mais cela n’a pas posé de problème, ma fiancée a un faible pour les mauvais garçons et son amour pour moi a redoublé depuis que je suis écœuré !

– Ça alors ! Répondit Lydia. Mais pour mon affaire… ?

-Je connais bien la directrice des Lilas fleuris, Madame Primevère, je vous propose de nous rendre immédiatement sur les lieux et de mener l’enquête.

Sur ce, le brigadier prit la direction de la maison de repos, suivi de près par Lydia et son fils, leur moral toujours au « bas fixe »

Quand Madame Primevère ouvrit la porte de son établissement, elle était rayonnante ! Derrière elle, dans la salle à manger, ses pensionnaires avaient organisé un bal masqué et s’amusaient comme des fous qu’ils étaient !

-Madame Primevère, excusez-moi de vous déranger mais je suis ici accompagné de ma triste plaignante et de son malheureux enfant pour un vol manifeste de moral. Auriez-vous remarqué par hasard un changement significatif dans l’attitude de vos protégés ?

-Certes, certes, Ils sont gais comme des pinsons, mais il n’y a rien d’illégal là-dedans, nous expérimentons depuis ce matin la bouillie hilarante préparée conjointement par le Professeur Folichon, notre Docteur en chef et Monsieur Rigol, notre cuisinier.

-Mauvaise piste… Conclut l’agent

Lydia en aurait pleuré…Le trio sortit alors de la maison de repos (qui n’en n’avait plus que le nom) alors que Madame Primevère rejoignait ses dingos pour une folle ribambelle.

C’est alors que Lydia proposa de retourner sur les lieux de la disparition –Le square –

-Pourquoi pas ! Répondit l’agent, c’est l’heure de ma pause-déjeuner et je sais qu’il y a là-bas un potager plein de tomates cœur de bœuf ; en sandwich avec ma tranche de jambon, ce sera excellent !

Une fois assis tous les trois sur le banc, Lydia vit que la mendigote était toujours là, sur le banc d’en face, exactement dans la même position qu’en début de matinée ; mais elle ne chantait plus, elle fouillait dans son sac à carreaux.

Au bout de quelques minutes, elle en sortit un odorant maroilles orange et carré dans lequel elle s’apprêtait à mordre à pleins chicots quand Lydia hurla :

-C’est lui, je le reconnais, c’est mon moral affublé d’un i, d’un l supplémentaire, d’un e et d’un s ! Vite, Monsieur l’agent, faites comme le renard de la fable et emparez-vous de ce « fromage » avant que cette femme ne le croque, il s’agit bien de mon moral kidnappé et travesti par cette mendigote !

L’agent obéit aussitôt, juste avant que les dents noires de la kidnappeuse n’aient entamé la bonne chair souple du moral de Lydia.

La pauvresse fut prestement menottée et conduite au poste malgré ses protestations :

-Mais c’est qu’un maroilles, Monsieur l’agent, y a pas de quoi en faire tout un fromage !! »

Les coudes bien calés sur les appuie-bras du banc, Lydia engloutit l’excellent carré orangé à une vitesse record. Et il ne fallut que le temps de la digestion pour qu’elle recouvre son excellent moral habituel, et que le petit Martin récupère lui aussi joie et de vitalité !

Jeu numéro 32

Pour l’Agenda Ironique de février, il fallait écrire à propos de légumes et de jours. Et puis, placer les quatre mots suivants : nuage, tapage, dindon, bouillon

Jamais-Content et Marinade de Légumes parlent menus de la semaine…

JC-Ras le bol de la soupe, pas toi ?

ML-Essaie l’assiette creuse, ça passera mieux !

JC-L’important c’est pas le contenant …

ML- Alors essaie le bouillon !

JC-Tu joues sur les mots dis-donc ?

ML-« Dis-donc, dindon » tu connais l’histoire…

JC-Arrête ta pub, Marinade de Légumes, cesse ce tapage, nom d’un nuage !

ML-Pour moi, lundi c’est céleri, mardi salsifis, mercredi brocolis, jeudi radis, vendredi chou pourri, samedi zucchini, dimanche épinards en branche !

JC-Et les autres légumes c’est pour quand ?

ML-Lundo poireaux, mardoi petits-pois, mercredine aubergines, jeudotte carottes …

JC- Arrête de raconter des salades !

ML-Et toi d’me prendre le chou !

FAIM DES HARICOTS