Une dame patiente sous le casque chauffant d’un salon démodé. Le coiffeur s’agite sans cesse des bacs aux fauteuils pivotants et de l’arrière boutique à la caisse enregistreuse. Il dégaine tour à tour ses ciseaux et son peigne, coiffant des personnages imaginaires sans jamais revenir vers sa seule vraie cliente. Mais tout à coup, elle l’interpelle :
– Excusez moi, mais …vais-je attendre sous ce casque de façon permanente ?
– Qui sait ? Cela dépendra de votre indéfrisable… à moins que vous ne préfériez une simple mini vague ?
– Une mini vague… une minivague… comme en mer méditerranée ?
– Ou de gros rouleaux comme sur l’Atlantique, c’est comme vous désirez …
– Ce que je désire, je l’ignore… mais ce qui me défrise c’est l’attente, il est presque midi à votre tondeuse et je rêve d’un Big Mac
– Désolé, mais nous n’avons que des bigoudis…
– Avec quelques mèches poivre et sel arrosées d’un shampoing à la kératine, ça serait parfait !
– Vos délires sont des ordres, Madame !
Le coiffeur disparaît dans son arrière-boutique et en revient presque aussitôt avec l’extravagant menu servi sur un plateau d’argent. La cliente déguste.
– Parfaitement réussi, vous avez un sacré coup de peigne !
– J’avoue que je n’ai pas volé mon épingle au guide mi-cheveux.
– Et pour la coupe, comment la souhaitez-vous ? Au carré, dégradée, asymétrique, effilée ?
– Inutile de couper les cheveux en quatre, rasez tout !
– Que je rase ?? Quel toupet vous avez ! Vous êtes absolument ébouriffante !
Le coiffeur plein d’admiration pour l’excentricité de sa cliente la tond avec enthousiasme. Puis il file dans son arrière-boutique et en revient avec un appareil photo
– Chère madame, permettez que je vous fige sur la pellicule, c’est pour le book du salon…
– Entendu ! Mais, frictionnez d’abord mon désert capillaire avec une bonne lotion ! Les boucs aiment les femelles brillantes !
– Avec plaisir ! (Le coiffeur se met à frotter vigoureusement le crâne de sa cliente avec une lotion à l’ortie) Jamais cuir tondu n’aura été aussi luisant !
Une fois la photo prise, il est temps de passer en caisse.
– Cela vous fera un total de 150 moumoutes.
– 150 moumoutes !!! Eh bien vous pouvez toujours vous brosser pour que je paye une somme pareille !
– C’est le tarif chez Coupe tif, Madame !
– Vous savez qu’à Versailles la coupe était gratuite en 1789…
– J’ai entendu dire, oui …Mais nous sommes en l’an 2000 …
– En plus, à l’époque, ils faisaient du « deux en un » avec la nuque, ils étaient un peu moins regardants que vous aujourd’hui !
– Les temps changent ma bonne dame, d’un simple balayage…Mais ne nous crêpons pas le chignon d’avantage, je vous applique une remise en plis de 20 moumoutes en mémoire de l’époque des perruques !
MH
Excellent !!!
😉
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Merci !
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Beaucoup d’humour…j’adore et ce texte est franchement génial…
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Merci beaucoup !
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mérité.
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Bonjour ! Et merci pour la trouvaille au gré de la toile ! Je ne sais comment je suis arrivée jusqu’ici, hasard ou réalité scientifique ? Ce premier texte que je découvre comporte tout ce que j’aime, des jeux de mots, de l’humour, de l’absurde et un rythme… au poil ! Bravo, au plaisir d’en lire bien d’autres ! Belle journée à toi, Sabrina
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Merci beaucoup ! Le hasard fait souvent bien les choses, moi aussi, j’ai découvert plusieurs sites sympathiques comme ça. Bonne soirée ! MH
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C’est décalé! J’adore!
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Merci !!!!
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Super les jeux de mots !
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Eleve de Raymond Devos ?
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Oh la la quelle fabuleuse découverte ce matin que vos marinades! J’adore! J’ai apprécié l’humour, les jeux de mots, le rythme, je m’en vais mariner en d’autres mots 🙂
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Oh merci, cela me fait bien plaisir !
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