Clapiers

Le texte ci-dessous m’a été inspiré par cette photo de Fred Hedlin  dans le cadre de l’atelier BRICABOOK numéro 433

Ils avaient mis de la couleur pour faire croire à la gaité des lieux. Jaune, vert, jaune, bleu. Pourtant, l’immeuble était sinistre, serré entre deux pavés de brique, il imposait sa mine flétrie de pacotille aux yeux des passants :

-Quelle horreur, quelle laideur, quelle misère !

-Mais qui peut donc vivre ici ?

-Des lapins géants, dit-on …

-Et, s’y plaisent-ils ?

-On ne leur demande pas leur avis, je crois…On les cloitre ici, on les engraisse et on ne les ressort que le jour du civet.

-Mais qui les mange ??

-Les grands de ce monde, Madame, les grands de ce monde…ceux qui habitent les châteaux et les domaines. Ils les dépècent, les découpent, et les font mijoter avec oignons, tomates bien rouges, clous de girofle et vin noir d’Alsace.

-Je vois…Sacrebleu ! mais qu’est-ce qu’on entend, là ?

-Leurs pleurs, Madame… ils vivent tristement dans leurs clapiers colorés, ils savent ce qui les attend…

-Alors, libérons-les, libérons-les !!

-Ils ne sortirons pas. Ils ne sauraient où aller…Là, ils ont ce pauvre toit et aussi de quoi se nourrir, alors ils restent.

-Mais la chanson de Perret « Ouvrez, ouvrez la cage aux oiseaux » vous connaissez ?

-Les canaris se font bouffer par les aigles et les lapins par les renards…ça ne marche pas…

-Monde cruel !

-Je ne vous le fais pas dire ma bonne dame, passons donc notre chemin…

Chez Lebon-bon

Le texte ci-dessous m’a été inspiré par cette photo de Fred Hedin dans le cadre de l’atelier BRICABOOK numéro 426

Si tu me disais « Oui » je t’emmenais chez Lebon-bon, Marion

Mais tu passes ton temps à me dire « Non, rentre chez toi, je ne t’aime pas, Simon… »

C’est bientôt la Saint Valentin, mais cette date ne vaut rien,

Ce jour-là, les restaurants sont moins bons, même Lebon-bon

Moi, je voudrais t’y inviter un soir ordinaire

Un soir où le patron Patoche ferait tout pour nous plaire

Un soir où ça ne serait pas la braderie des couples, la foire aux amoureux

Un soir où nous serions  seuls tous les deux.

Tu commanderais un plat sous cloche, et moi, avec la complicité de Patoche,

 j’y cacherais la bague, celle qui attend depuis plus de cinq ans

que tu me dises  « Oui, j’accepte ton invitation, Simon, allons chez Lebon-bon !»

Mais ce jour n’est pas proche, c’est ce que m’a dit Patoche 

Il t’a vue au restaurant avec un autre garçon

le jour de la Saint-Valentin, le soir des p’tits câlins…

Le gars s’appelle Lulu, je le connais de vue 

Il a mauvaise réputation… les filles, il en fait collection.

Il porte un poing américain, il n’sait donner que du chagrin.

Il a choisi le menu à bas prix sans même te demander ton avis,

et deux coupes de mousseux, l’affreux avaricieux.

Toi, tu n’as rien remarqué, tu avais des cœurs pleins les yeux

C’est Patoche qui m’a tout raconté, il en était scandalisé,

et triste aussi en pensant à moi…on est copains depuis des mois.

Si tu me disais « Oui » je t’emmenais chez Lebon-bon, Marion

 Mais tu passes ton temps à me dire « Non, rentre chez toi, je ne t’aime pas, Simon… »

Blanche et Brune

Le texte ci-dessous m’a été inspiré par cette photo de Fred Hedin dans le cadre de l’atelier BRICABOOK numéro 425

-Hey, c’est bien toi… Blanche ?

-Heu… oui, mais excusez-moi qui êtes-vous ?

-Sérieux… tu ne me reconnais pas, Brune voyons ? Brune Martin !

-Exact, Brune ! ça remonte à quand, dis-moi ?

-Deux ans, pour ton mariage !

-Tu n’as pas changé !

-Toi par contre…

-Pardon ?

-Heu, rien rien.

-Pourquoi on ne s’est plus vues depuis tout ce temps dis-donc ?

-Parce que j’ai couché avec ton mari le soir de ta nuit de noces, tu as oublié ?

-Mais c’est pourtant moi qui t’avais demandé ce service si je me souviens bien ? J’avais besoin d’une bonne nuit de sommeil après cette magnifique fête de mariage !

-Oui, et tu m’as dit : Vite, glisse-toi sous les draps, Ronald est saoul, il n’y verra que du feu !  et toi tu es allée dormir dans la chambre que j’avais retenue dans ce même hôtel, juste à l’étage au-dessus.

-Bé oui, c’était le deal, alors pourquoi on ne s’est plus revues après ?

-Parce que Ronald n’était pas si saoul que ça, et qu’il n’a pas confondu sa femme avec la demoiselle d’honneur pardi !

-Et alors ?

-Et alors, il était tellement soulagé de passer la nuit avec moi plutôt qu’avec toi ! C’était un mariage arrangé par sa mère, tu ne le savais pas ?

-Non, et que s’est il passé ensuite ?

-Je suis partie à ta place en voyage de noces avec Ronald !

-Et moi ?

-Retour à la case départ, chez tes parents, je crois… Tu ne te souviens vraiment pas ?

-Non… Excuse-moi, je dois rentrer à la maison maintenant

-Et c’est où chez toi ?

-Maison de repos Les Lilas, 15 rue des mésanges, tu vois, ça j’oublie pas …

-Super alors ! Contente de t’avoir revue, Blanche, moi aussi je me dépêche, ce soir Ronald m’invite au restaurant pour fêter les deux ans de notre rencontre, et de votre mariage du coup, hahaha !!! Au revoir Blanche

-Au revoir… c’est quoi ton nom, déjà ?

La Tatin

Alix, Lison et Fabienne, trois amies, sont attablées dans un restaurant chic. Elles sont concentrées sur la carte des desserts. Le serveur complètement amorphe et négligé s’approche mollement de leur table en s’essuyant le nez avec le revers de la manche et en reniflant bruyamment.

Alix  – Comment est la Tatin ?

Serveur (hagard) – La Tatin ?

Alix – Oui, comment est-elle ?

Serveur – Les pommes proviennent  d’un verger bio de Normandie et le beueueueurre légèrement salé, de Breeeeeeetagne.

Lison – Dis donc, tu crois vraiment que c’est recommandé pour toi, Alix ?

Alix – Parce que tu vas prendre quoi, toi ?

Lison- La salade de fruits !

Alix (en la singeant) –La salade de fruits…

Fabienne (perfide) – A cause du rhum, évidemment … (rire hystérique)

Lison – A cause des couleurs ! N’oubliez pas que je suis une artiste !

Alix – Tiens, parlons-en… Ton dernier tableau, celui que tu m’as vendu à prix d’or…

Lison – « Sorbet framboise au soleil couchant » ! A prix d’ami tu veux dire …

Alix – D’ami très très très éloigné alors …Et bien Gonzague ne le supporte pas !

Fabienne – Faut dire qu’une couche de rose, et une couche d’oranger, au dessus, on peut pas dire que tu te sois foulée ! (rire moqueur)

Lison – Y’en a qui vendent des toiles complètement blanches ou complètement noires pour beaucoup plus cher, vous savez…

Fabienne – Non mais tu vas quand-même pas te comparer à Soulages, barbouilleuse !!!

Serveur (coupant court à la querelle) – Donc ! Ça sera, une Tatin, une salade de fruits, (puis se tournant vers Fabienne) et pour vous Madame ? Profiteroles, crème brulée, crêpes Suzette, gland, baba au « rhume », « chisecaque » Paris-Brest, ile flottante, mousse au chocolat, poire Belle-Hélène, pêche Melba, surprise du chef à la crème de marron ?

Fabienne – Rien du tout, merci…

Lison et Alix (en chœur et outrées) – Quoi ?

Fabienne – Je n’ai plus faim, c’est tout …

Alix – Mon œil, c’est pour nous faire culpabiliser ! Après sa salade végétarienne et son micro morceau de pain,  Madame la Rigueur n’a plus faim ! Et tu vas nous faire avaler ça ?

Lison –Mais quelle salope !!!

Fabienne (choquée) – Non mais ça va pas !! je ne te permets pas !! et c’est plutôt toi la salope, y a qu’à voir comment tu secoues ton popotin devant Gonzague et Jean-François !

Lison (se levant indignée)– Mais elle est pas bien la maigre ! Si tu crois que je suis intéressée par vos laiderons de maris…

Serveur – Sans vouloir m’immiscer dans votre conversation…

Lison – Alors toi, le larbin, tu la fermes !

Serveur – Je voulais juste suggérer…

Lison– Mais il va retourner derrière son comptoir, le loufiat !

Serveur – L’estomac de Madame s’est peut-être « cirrhosé »   à force de privations…

Fabienne –  « Cirrhosé ???? » SCLErosé !! Sclérosé  toi-même !!!

Lison – Salope !!

Alix – Calmons-nous, calmons-nous…  Moi, je voulais juste savoir… Comment est la Tatin?

Serveur  – Renversante, collante, surprenante, et légèrement acidulée…tout comme vous, Mesdames !

Les trois amies se pâment en entendant cette description

Serveur : Donc ??

(Les trois amies se regardent)

Alix – Une Tatin

Lison –Deux Tatins

Fabienne  – Trois Tatins !

Le serveur, toujours aussi las, soupire et repart mollement vers les cuisines. Les trois amies gardent longtemps un sourire béat sur les lèvres.

NOIR

Un réveillon haut en couleurs

Dans le cadre de l’Agenda ironique de décembre, Photonanie  nous propose de parler de Noël. Il pourra  être blanc, noir, rouge, se décliner sous la forme que l’on voudra… Mais il faudra y glisser le mot graffeur (mais gaffeur sera aussi accepté) et si possible l’expression “être maquillé(e) comme une voiture volée“

Deux collègues, Cyril et Mario se retrouvent au bureau quelques jours après les fêtes de fin d’année.

C – Alors, comment se sont passées les fêtes chez toi ?

M – La Saint Sylvestre, super, avec les potes, mais  Noël… on choisit ses amis, on choisit pas sa famille, c’est moi qui te le dis !

C- Raconte ? C’est ta belle-mère qui a encore fichu le bazar cette année, ou alors ton cousin, l’animaliste ?

M- Non ,non, ma belle-doche avait pris trois whiskies avant de venir, on l’a pas entendue pour une fois, elle a pioncé toute la soirée sous le sapin en plastoc ! Mon cousin Juju, lui, il est venu avec des rats de laboratoire qu’il avait libérés la veille !

C- Des rats, beurk ! Ils se sont pas attaqués au diner j’espère?

M- Penses-tu ! Ils ont passé tout le réveillon avec les gosses ! Leo, Léa, Théo et Théa étaient  trop contents de comparer leurs morsures : « C’est moi qui ai la plus grosse, nananère et pas toi ! » Du coup, nous, on a eu une paix royale, jusqu’à ce que…

C- Quoi ?

M- Mon frère… Il s’est radiné avec une dinde…

C- Une dinde de Noël ?

M- Non, une nana qui bosse à la pharmacie, une préparatrice.

C- Et qu’est-ce qu’elle avait préparé de bon, le foie gras ?

M – Le foie gras, avec le cousin Juju à table, tu oublies… Ni foie gras, ni huitres, ni volaille, ni bûche !

C –Ni bûche ??

M- Bah non, à cause du beurre…et puis aussi à cause de la forme, ça lui rappelle les arbres morts et après, il déprime…

C- Alors elle avait préparé quoi la préparatrice ?

M- Sa tronche ! Maquillée comme une voiture volée, qu’elle s’est pointée la nana !!

C- Pas possible ! Et ses fringues ?

M- A poil sous sa blouse blanche de pharma ! Elle a dit qu’elle avait tout misé sur sa bouille pour charmer sa future belle-famille !

C- Punaise… Et ta femme, elle a dit quoi ?

M- Elle a engueulé mon frère dans la cuisine : « C’est quoi cette pétase qui vient à un réveillon de famille en tenue de travail et avec une simili pizza écrasée sur la figure ?» Et lui, ce con de gaffeur, il est allé tout répéter à la préparatrice, il lui a dit que sa belle-sœur la trouvait sans-gêne et vulgaire, et qu’elle avait peut-être pas tout à fait tort…

C-Whaou, et ça a fini comment la soirée ?

M-  Ma belle-doche s’est jamais réveillée, mes gosses sont morts de la peste, ma femme a étranglé Juju, et mon frère a piqué tous les cadeaux…

C –Et toi ?

M- Moi, eh bé… je me suis barré avec la préparatrice !

Correspondance de cousines

Le 20 décembre 2010 à Meudon

Chère Marie,

J’envoie cette lettre à tout hasard chez tes parents, qui sait si tu la liras un jour…

Où es tu ? Que fais-tu ? Es-tu seulement encore de ce monde… Tu me manques tellement cousinette… Quand je pense à toi, les souvenirs qui me reviennent sont liés à l’enfance, à nos vacances chez Tante Victoire, à nos cavalcades dans les champs avec le chien Lucky qui te suivait partout, un air d’adoration dans ses yeux bruns. Tu te rappelles de ce jour où nous nous étions empêtrées dans la boue avec nos vélos en lisière de foret ? C’est Lucky qui était allé prévenir la tante, heureusement car il commençait à faire nuit, le voisin, Monsieur Truchot, était venu à la rescousse avec son tracteur pour nous sortir de la boue, « les sables mouvants » comme on disait pour « faire aventure ». Victoire, elle,  était vraiment fâchée : Qu’est ce que je vais dire à vos parents, moi ? Vos chaussures du dimanche toutes crottées, vos robes à fleurs dégoûtantes, vos bicyclettes encrassées ?  Mais elle pardonnait vite car elle nous adorait. Je me souviens  de l’après-midi qu’on avait passé avec elle, à tout récurer avec le jet d’eau dans le jardin, il faisait chaud, on s’aspergeait autant qu’on nettoyait et Tante Victoire riait aux éclats. Elle aurait fait une merveilleuse maman, malheureusement le destin ne lui aura permis que d’être une merveilleuse tante. Quand tes petites sœurs Blandine et Emilie arrivaient, l’ambiance changeait, on n’avait plus le droit de partir à l’aventure dans la campagne alentour, alors on préparait des spectacles dans le jardin. Moi j’écrivais le scenario, (c’est d’ailleurs à cette époque que mon goût pour l’écriture est né) Toi tu faisais le metteur en scène, très organisée, un brin autoritaire, mais c’est exactement ce qu’il fallait, surtout avec les deux petites. Nos parents venaient toujours passer le dernier weekend d’août pour nous récupérer, alors on donnait une vraie représentation dans la grange ;  Monsieur Truchot et sa femme étaient invités et aussi les autres voisins, je ne me souviens plus leur nom, mais nous on les appelait Madame pomme de terre et Monsieur haricot vert, ils n’étaient vraiment pas assortis corporellement parlant, mais ils avaient pourtant l’air très amoureux. Lucky passait parmi les spectateurs, un panier en osier dans la gueule et tous payaient leur place avec une poignée de bonbons et une caresse pour le chien.

Et puis, il y a eu l’été du drame. Moi j’étais à Manchester dans une famille pour tenter d’améliorer mon niveau catastrophique en anglais, Blandine et Emilie sur la cote atlantique avec tes parents, et toi, seule chez la tante. L’attrait de l’océan n’avait pas été assez fort pour t’empêcher de passer les vacances avec Victoire et Lucky.

On s’est moins vues après le drame, plus de point de ralliement pour passer l’été, et puis, les études prenantes, les bandes d’amis différentes, et à partir de 2005 le grand silence…

J’aimerais tant t’embrasser pour de vrai…

Anette

28/12/2010 à Paris

Ma très chère Anette,

Quelle joie de trouver ta lettre chez mes parents pour Noël !

C’est vrai, je suis partie sans laisser d’adresse, à personne, même pas à toi ma cousine préférée… Tu as dû m’en vouloir atrocement, et pourtant, tu m’écris, cinq ans après ma « disparition »

Je sais que j’ai inquiété tout le monde, fait de la peine à toute la famille et surtout à toi, ma chère Anette…

Aujourd’hui enfin, je peux parler et revenir vers vous, vers toi.

Voici l’incroyable aventure qui m’est arrivée. J’ai suivi un homme sur un coup de tête. Il s’appelait Franck. Je savais qu’il déplairait à mon entourage, et à toi en particulier. Tu l’aurais jugé trop rude, trop primaire pour une fille comme moi… mais justement, c’est cela qui m’a séduite au départ, ce côté « homme des bois »

Franck m’avait contactée sur un site de rencontres. L’intérêt pour les chiens était notre affinité majeure. Il possédait un élevage de pitbulls dans le sud de la France et il m’a proposé qu’on se rencontre à Paris où il venait pour une exposition canine. Dès le premier regard, j’ai été sous son emprise ; son aplomb et sa virilité de mâle Alpha me fascinaient. Et puis, j’ai aussi été conquise par Jaho, son reproducteur, le chef de meute. Une bête puissante au pelage caramel, aux yeux si doux…

Alors, quand Franck m’a demandé de le suivre chez lui, à Draguignan, je n’ai pas hésité une seule seconde. Mais dès notre arrivée là-bas, sur son territoire, il m’a séquestrée ! Jetée au fond d’une cage comme ses malheureux chiens auxquels il ne témoignait aucune affection, et qui ne représentaient pour lui qu’un gagne pain.

Je suis restée ainsi cinq années sans pouvoir parler à qui que ce soit, même pas à  lui qui n’entrait dans ma cage que pour me jeter une méchante gamelle de soupe ou pour poser ses pattes immondes sur moi.

Tu te demandes comment ta malheureuse cousine s’en est finalement sortie ma chère Anette ? Et bien je vais te le dire, j’ai tué mon bourreau ! Ou plutôt, je l’ai fait assassiner.

Au fil des mois, lors de nos courtes promenades dans l’enclos ceint par du fil barbelé électrifié, j’ai réussi à communiquer avec les chiens, et en particulier avec Jaho, le chef de meute. Cela ne t’étonnera qu’à moitié, Anette, tu te souviens du lien que j’avais avec Lucky et de la façon dont il m’avait sauvée des flammes quand la maison de Victoire a brûlé, emportant notre chère tante à jamais…

Je suis donc parvenue à fomenter une mutinerie contre Franck. Chaque chien avait son rôle, comme dans les pièces de théâtre qu’on organisait l’été avec mes sœurs, et dont j’étais souvent le metteur en scène !

La chienne Dolly serait chargée d’amadouer Franck pour le faire rentrer dans l’enclos, le vieux Pipo jouerait le malade pour que Franck s’accroupisse et se focalise sur lui… et là,  TAN TAN ! Charge de la Brigade Légère avec Jaho en tête dans le rôle de Lord Cardigan et les vingt autres chiens de l’élevage dans les rôles des soldats acharnés et avides de sang !

Ma chère cousine, ce fut un délicieux carnage ! Une mise à mort dans les règles de l’art avec prise de gorge, chair déchiquetée et membres arrachés. D’ailleurs j’ai  récupéré sa montre Breitling au poignet gauche de Franck et  je la porte avec fierté depuis ce jour, un petit souvenir des mes années dans le Var….

Voilà, ma chère Anette, maintenant que tu sais tout j’espère que tu me pardonneras pour mon silence prolongé et que tu voudras bien me revoir.

Avec toute mon affection, ta cousine Marie

PS : Si tu t’es réellement mise à l’écriture, tu pourrais peut-être écrire une jolie nouvelle inspirée de mon histoire ?

Ombre providentielle

Dans le cadre de l’Agenda ironique de décembre, Carnets Paresseux  nous propose de parler d’ombre et nous suggère de glisser dans nos textes les deux phrases suivantes : « Je ne m’attends pas à ce que vous croyiez cette histoire. Est-ce que j’y crois, moi ? »

Je ne m’attends pas à ce que vous croyiez cette histoire. Est-ce que j’y crois, moi ? Hier je me suis réveillée, comme chaque matin à 9 heures, et quand je me suis extirpée de la couette pour glisser mes pieds dans mes pantoufles impeccablement rangées près de mon lit, je n’ai vu que deux ombres pénétrer le moelleux des chaussons. Quant à mes jambes, c’était pareil, deux silhouettes sombres, plus aucune trace de chair, une vraie désincarnation ! Alors j’ai avancé vers ma psyché et j’ai constaté que ma personne entière n’était plus qu’un profil  imprécis et noirâtre. D’abord, j’ai paniqué, où étaient passés mes traits, mes yeux ? Pourtant, je parvenais à voir …Et ce nez à bosse dont j’avais longtemps fait un complexe ? Invisible, même en me mettant de coté, le miroir ne reflétait qu’un vague relief. Je soulevai ma longue chevelure rousse pour la voir retomber mais là aussi, ce n’était que le mouvement d’une masse informe et sans couleur…

J’essayai alors ma voix dans un cri désespéré pour alerter mon mari et mes enfants, mais aucun son ne sortait de mon moi relayé à ce triste gabarit…

J’entendais les miens appeler :

-Mais où elle est encore passée, maman ? J’ai ma leçon d’histoire à lui faire réciter !

– Et moi, il faut qu’elle repasse ma robe pour ce soir !

– Elle a dû aller courir, les enfants, mais….c’est pas vrai ! Elle aurait quand même pu mettre le poulet au four avant de partir !!

Sortir de l’appartement, bonne idée, voilà ce que j’allais faire pour constater mon  nouvel état en plein air.

J’abandonnais donc mes chaussons et ne prenais pas la peine d’enfiler mes baskets, une ombre ne souffre pas des pieds, si ? Inutile aussi de me coiffer, de me laver, de m’habiller. Je commençais à entrevoir tous les avantages de ma nouvelle apparence, et en plus, j’échappais aux corvées ménagères !

C’est ainsi que je me retrouvai dans la rue parmi tous ces carnés que je pouvais rattraper, écraser à loisir, et dépasser en toute légèreté. Cela  fut un immense plaisir quand je croisai mon sale banquier qui nous avait refusé un emprunt dernièrement, je m’acharnai sur son corps pendant plus de dix minutes en le piétinant de toute ma non-substance !

Je passais une journée merveilleuse à entrer gratuitement dans les musées, les monuments de la ville et les cinémas. Je n’essayai pas les restaurants ni les bars, car j’ignorais  si les gens verraient les aliments et les boissons circuler dans mon non-corps. Je n’allai pas non plus dans les magasins car si je chipais des objets, ils auraient certainement été visibles dans mes  non-mains  et j’aurais eu trop honte…

Le soir, mon être évanescent, fourbu par ces multiples activités, rentra chez moi et constata que Jean et les filles avaient commandé du Mac Do.

Personne ne semblait s’inquiéter de mon absence.

Le poulet attendait sagement dans le frigidaire que la bonne ménagère réapparaisse pour être cuisiné ! De même, le cahier d’histoire de Noémie avait été balancé sous son lit, et la robe de soirée de Camille gisait toute bouchonnée sur le carrelage de la salle de bain ! Par flemme de la repasser, elle en avait même renoncé à sa soirée ! Et cet imbécile de Jean qui se bidonnait avec ses filles devant une série débile en bouffant de la junk food ! Dingue !

De rage, je filai au lit !

Je m’endormis très vite et fis un rêve délicieux où tous les humains étaient des ombres, finis le chômage, les grèves, la faim dans le monde, le covid, la politique, les guerres, la mort…

Le lendemain matin, quand je me réveillai, je glissai mes pieds dans mes pantoufles impeccablement rangées près de mon lit. Et là, quel choc ! Oui, c’était bien mes vilains pieds couverts de cors, et aux ongles mal taillés ! Je me précipitai vers ma psyché, et toute ma personne m’apparut avec mes cheveux ébouriffés, mon nez cabossé et mes yeux éberlués !

-Maman ! Tu m’emmènes chez Aurélie pour préparer mon exposé ?

-Maman, on va au centre commercial m’acheter une nouvelle robe ?

-Chérie, tu le prépares ce poulet, oui ou non ???

-NOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOON

Jeu numéro 17

 
 Cette semaine, dans le cadre d’un  Challenge d’écriture, sur son blog  L’atmosphérique, Marie nous propose d’écrire un texte d’après la photo ci-dessus et qui devra inclure  la citation suivante: “Le début de l’absence est comme la fin de la vie.” (Félix Lope De Vega ).

Léa, Théo et…

Léa et Théo, deux lycéens amoureux se retrouvent au pied du mur French kiss de la rue des lilas. On est le 30 juin.  

Léa : – Le début de l’absence est comme la fin de la vie… C’est la prof de français qui nous a sorti ça aujourd’hui …

 Théo : – Alors ça voudrait dire que la fin de l’absence, c’est comme une renaissance ?

Léa : – Oui, surement…

Théo : – Bon bé tu vois, y a pas à s’inquiéter, deux mois c’est vite passé …

Léa : – Vite passé pour toi qui pars à la mer avec tes potes, tandis que moi, toute seule ici avec mon job d’été à la boulangerie …

Théo : – T’en fais pas, on se retrouve dés mon retour, le premier septembre, au pied du mur French Kiss, comme aujourd’hui.

Léa : – Ok, et tu m’en fais un, en attendant ?

Théo : – Un quoi ?

Léa : – Bé,  un french kiss, idiot !

Théo prend Léa dans ses bras et l’embrasse langoureusement.

***

Deux mois se sont écoulés. On est le premier septembre. Théo est au pied du mur French kiss avec son nouvel amour, Jack, un garçon de la bande. Les deux jeunes gens s’embrassent fougueusement. Léa arrive.

Léa : – Théo !?

Théo : – La prof de français avait tort, Léa,  le début de l’absence c’est comme une renaissance.

Léa reste sans voix. Théo et Jack s’éloignent main dans la main, abandonnant la jeune fille à sa solitude.

Cépagrave

J’ai emménagé dans la ville de Cépagrave suite aux conflits de 2020 dans mon ancienne commune de Négativille, et je peux vous dire que je ne regrette rien !

A Cépagrave, on se déplace en roulant sur soi-même, et pour cause, tout y est mou ! Le revêtement de la ville est un gigantesque tapis de sol en caoutchouc et les remparts sont entièrement capitonnés ! Plus de problème avec le coût des carburants puisque plus de voitures, ni même de transports en commun ! On fait des roulades pour aller d’un point à un autre, et comme tout le monde mange très bien à Cépagrave, si on se cogne contre un autre habitant, on rebondit sur ses bourrelets !

Le climat est plutôt tempéré à Cépagrave, mais quand il fait un peu froid, c’est pas grave,  parce qu’on a notre bonne graisse pour nous protéger les os.

Les Cépagraviens se ressemblent tous un peu, de par leur généreuse corpulence, mais aussi à cause de ce sourire béat qu’ils ont sur les lèvres.

Quand un Cépagravien se fait cambrioler, c’est pas grave, sa maison sera plus épurée, plus chic.

Quand un Cépagravien se fait licencier, c’est pas grave, il pourra s’amuser toute la journée.

Quand un Cépagravien se fait larguer, c’est pas grave, une de perdue, dix de retrouvées !

Quand un Cépagravien vieillit, c’est pas grave, il va enfin pouvoir découvrir l’EHPAD Enchanté.

Et quand un Cépagravien tombe malade (car cela arrive parfois à cause des nombreux distributeurs de chantilly et de barbapapa qui jalonnent la ville) les joyeux médecins de la Clinique Félicité lui font un bon lavage d’estomac et ça va tout de suite mieux, car au fond, c’était pas si grave !

Pour finir, si jamais un Cépagravien est touché par la pire des tares pour lui, c’est-à-dire la dépression par overdose de bonheur, les radieux anesthésistes de la Clinique Félicité l’euthanasient, tout simplement ; puis ils donnent son corps à débiter aux Bouchers Bouffons. Ainsi, les dépressifs seront transformés en délicieuses saucisses que les Cépagraviens heureux dégusteront lors d’un grand repas festif appelé le Banquet de la Joie.

Malgré ces conditions de vie idéales à Cépagrave, j’ai décidé de changer d’air l’espace d’un week-end. L’agence Voyagepourri  et Fils proposait une offre promotionnelle  pour un court séjour sur Villenuage. Mais alors, ça ne m’a pas plu du tout ! Ma mollesse a rencontré la mollesse de leurs petits vaisseaux de transport en buée, et j’ai bien failli passer à travers ! Quelle trouille j’ai eue ! Et puis là- bas, c’est le désert, personne à qui sourire et surtout, rien à manger ! J’ai bien essayé de mordre dans la matière, me disant que ça serait surement comme de la barbapapa, mais horreur… juste un goût douceâtre  d’eau croupie ! Et puis, je ne pouvais même plus faire de roulades, j’avais l’impression de labourer toute la surface ! Non, vraiment atroce, je comprends maintenant pourquoi les séjours sur Villenuage sont bradés.

Mais bon, c’est pas grave, parce que je suis encore plus heureux depuis mon retour chez moi !

Le rose

La villa était pleine à craquer. Catherine, ma femme, en avait invité trop : trop d’enfants, trop de famille, trop d’amis, trop de connaissances… Il avait même fallu céder notre belle chambre bleue avec balcon aux Kleber, parce que : Gontran et Marie-Bérangère méritent ce qu’il y a de mieux ! Dixit Catherine. Alors on avait dû migrer vers le chambron violet qui jouxte les toilettes et où on est réveillés vingt fois par nuit à cause de la chasse d’eau.

On n’était que le 12 juillet et les pique-assiettes avaient pris leurs quartiers chez nous jusqu’au 30. J’avais besoin d’un break, au plus tôt :

-Catherine, je suis désolé mais je dois aller au bureau demain pour la journée. Monsieur Cruchon, le client infernal dont je t’ai déjà parlé,  veut absolument finaliser son dossier de prêt avant le 14.

-Mais enfin, Paul, pense aux enfants, pense à nos chers amis, pense à moi, pense aux KLEBER !! Qui va aller chercher les croissants, qui va s’occuper des courses, de l’apéritif, du barbecue, de la vaisselle, du ménage et du rangement ??

-Mais ce n’est que pour une journée, chérie, je pars demain à 7 heures pour Cognac et je suis de retour à 23 heures au plus tard. Demande à Marie-Bérangère de t’aider pour les tâches ménagères, je suis sûr qu’elle sera ravie de te rendre ce service.

-A Marie-Bérangère !! ??

-Tu m’as bien entendu. Ah, oui, j’emmène Grattou avec moi, ce chien est vraiment trop gras, j’en profiterai pour passer chez le véto pour qu’il lui prescrive un régime de choc.

-Bon, bon, puisque je vois que ta décision est prise…

-Oui, mais sache que ça me contrarie vraiment. Si tu crois que j’ai envie d’aller transpirer dans l’intérieur des terres par cette canicule, alors qu’ici l’air marin est si rafraichissant…

Le lendemain matin, ravi de mon astucieux mensonge, je prends ma mallette d’ordinateur et y glisse mon caleçon de bain, l’écuelle du chien, une bouteille d’eau et une bière. J’attache  sa laisse au collier de Grattou, quitte la chambre-placard violette et la villa endormie. Je démarre la Twingo, sors du jardin pour aller me garer trois cent mètres plus loin, rue des Mésanges. Là, j’ouvre la portière et je respire enfin!

Je vais passer une journée clandestine de rêve sans quitter le secteur de ma maison d’été.

Grattou fait une drôle de tête ; d’habitude quand il s’installe dans la voiture,  c’est pour un bon moment, mais là, à peine deux minutes et il doit déjà secouer ses bourrelets de chien gâté pour descendre.

-Allez, Grattou, bouge-toi un peu, on va faire une super ballade, rien que toi et moi en longeant toutes les plages de Saint Georges à Pontaillac, tu auras même droit à une petite thalasso si tu marches bien !

Nous rejoignons la promenade rose bordée de tamaris. Elle épouse parfaitement la Grande Conche qui n’a rien à envier à la Baie des Anges de Nice. Tout au bout, la ville de Royan et sa majestueuse église de béton en forme de navire.

Nous croisons très peu de monde à part quelques pauvres maris, esclaves des temps modernes comme moi, partis chercher les croissants pour leur famille avide. Mais aujourd’hui, je ne suis pas un esclave, moi, je suis maitre de ma journée, je peux faire exactement ce que je veux : pas de portable, pas de Catherine, pas de Kleber, juste le soleil levant, l’océan, Grattou et moi.

Petit à petit, le littoral s’éveille. Quelques grands-parents avec leurs petits-enfants flanqués de seaux, de pelles, d’épuisettes et de bouées empruntent les escaliers abrupts qui mènent à la Grand Plage.

Plusieurs grappes de joggeuses boudinées, soucieuses d’éliminer les croissants dévorés au petit déjeuner, courent mollement sur la promenade rose. Ah, la promenade rose… Petit, je l’appelais « le rose » tout simplement ; depuis ils ont fait des travaux pour éliminer les crevasses, unifier le ciment, et « le rose » est plus ocre que rose aujourd’hui. Lorsque j’étais enfant, je faisais cette balade tous les jours avec mon cousin Louis, ma tante Bérénice et Laurence notre petite voisine. Ma tante avait le culte de la minceur et nous emmenait marcher pour se motiver elle-même. Elle transformait ce parcours en jeu, se faisant passer pour un capitaine d’infanterie, et nous, ses subordonnés : Allez, sergent QQQ, du nerf, avancez plus vite, vous et vos pattes de grelet ! C’était Laurence, le sergent QQQ ! Je l’ai totalement perdue de vue celle-là ; si ça se trouve,  ses fameuses « pattes de grelet »  ont fait d’elle un mannequin depuis, car elle était très mignonne Laurence !

Déjà midi ! On va s’arrêter sur un banc face à la plage du Bureau, ha ha ha, finalement je n’ai pas menti, je suis bien au bureau !

-Tiens, Grattou, une petite écuelle d’eau pour toi, tu l’as bien méritée, et moi ma bière, méritée aussi !

Ohlala, il y en a qui sont vraiment sans complexes sur le sable, si la tante Bérénice voyait ça, elle se retournerait dans sa tombe ! On met un maillot de bain une pièce quand on a un ventre comme ça, pas un bikini ! N’est-ce pas Grattou ? Et les tatouages distendus par les chairs pendantes, qu’est-ce que c’est moche ! Heureusement, il y a quelques sylphides bronzées pour remonter le niveau esthétique. Tante Bérénice était superbe, elle aussi et tellement drôle ! Elle s’amusait à nous  envoyer à vélo, nous les enfants, mettre des petits mots dans les boites aux lettres des villas du quartier : « Je suis jeune, je suis libre, je suis belle, retrouvez-moi ce soir à vingt deux heures précises devant le casino de Pontaillac, vous porterez un œillet à la boutonnière et moi, une robe rouge et des escarpins »

Le soir, elle se rendait bien devant le casino avec sa copine Francine, mais habillée d’un jean et d’un chemisier, juste pour voir la gueule qu’ils avaient, et se marrer !  Et oui, c’était les années 70… qui ferait ça aujourd’hui ?

« Le rose » … Je crois que c’est la promenade que je connais le mieux. Combien de fois l’ai-je empruntée à pied, en patins à roulette ou à bicyclette ? Avec  ma mère, mes copains, mes amoureuses, avec Catherine et mes beaux-parents (moins drôle ça, beaucoup moins drôle) Aussi avec les KLEBER qui trouvent que le bleu de l’océan est moins beau que celui de la Méditerranée… et bien qu’ils y retournent, à Nice !

-Allez Grattou, on continue !

Terminées les étendues de sable démesurées depuis le Bureau, mais des petites criques, des plages intimistes, Foncillon, le Chay, le Pigeonnier. Baignées de soleil et d’atlantique, ce sont de véritables mini paradis ; pourquoi voyager au bout de monde, alors qu’ici tout est parfait ?

Aujourd’hui j’aurai largement dépassé le quota des dix mille pas journaliers conseillés par l’OMS ; je n’ai pas mon portable pour vérifier, mais je le sens dans mes mollets, Grattou doit le sentir lui aussi. C’est curieux, les chiens n’ont pas vraiment de mollets, les chats non plus d’ailleurs… Catherine, elle a des mollets de coq. Quand on était fiancés, je trouvais ça élégant, maintenant je trouve que ça fait sec. Catherine est sèche. D’ailleurs, elle s’entend de mieux en mieux avec Marie-Bérangère, c’est pas bon signe… Quand j’étais petit, Belo, ma nounou, elle avait le mollet dodu. Poilu et dodu ; je me souviens encore de la sensation de ses mollets collés aux miens sur la banquette arrière quand on partait pour Royan dans la Simca de ma mère. Pour moi, les grandes vacances  seront toujours associées au picotement des mollets dodus de Belo. Elle était pas sèche, Belo, elle était rondouillarde et généreuse ; elle me préparait des bons pains au chocolat pour goûter sur la plage après la folie des grosses vagues. Avec elle aussi, je me suis promené toute mon enfance sur « le rose »

Déjà le soir et je n’ai encore rien mangé…Tante Bérénice serait fière de moi ! Et puis, c’est pas grave, je me suis gavé de littoral ! Je ne me suis même pas baigné… c’est pas grave, j’ai plongé dans mes souvenirs et mes pensées.

-Allez, Grattou, on rentre ! On va leur raconter à Catherine et aux autres, le bureau, Monsieur Cruchon et son dossier bouclé, le véto et ses croquettes miracles, la canicule loin de la mer et le plaisir de les retrouver… Avance, Grattou, du nerf !  Maintenant on va marcher sous le soleil couchant.