
Fait divers:
Foire du trône, hier, 23 heures
Le monstre du train fantôme
A kidnappé la marchande de pommes d’amour.
Déposition de Dédé :
Moi, Dédé, le monstre du Train Fantôme, j’en pouvais plus ! Quinze ans que j’faisais ce boulot ; quinze ans que j’croisais des trognes tordues par la trouille ; quinze ans que j’ supportais les gueulements des belettes qui faisaient dans leur culotte et les minots avec le trouillomètre à zéro…Mais bon, j’l’avais bien cherché quand j’avais dit ok pour ce gagne pain, parce que j’avais la tête de l’emploi et pas l’diplôme pour faire docteur.
En plus, le grand Bébèl, mon boss, il m’foutait les nerfs avec Mimi Calamité, la tenancière des auto-tamponneuses ; Les deux, ils passaient des plombes à se sucer la pomme dans un wagon du Grand Huit, leur bouche pleine de barbe à papa ! J’en avais vraiment ras la casquette… Pourquoi j’aurais pas l’droit à un p’tit béguin moi aussi, à une p’tite gonzesse qui m’ bécoterait l’museau…
Alors, à 23 heures, ce samedi-là, pendant que la fête battait son max, j’ai décidé de m’barrer d’mon poste et d’aller traîner la savate dans les allées de la foire. Quand ils me r’péraient, les gosses se cachaient dans les jupes de leur mère, les poulettes se carapataient, et leur mecton sortaient les poings. Moi, j’me sentais de plus en plus mal… dans le Train Fantôme ou dehors, c’était kifkif, j’fichais la trouille… personne pouvait m’blairer ! Je m’trouverais jamais de p’tite belette !
Alors, j’ai tracé vers le stand des bombecs. Y avait des tonnes de sucettes, de roudoudous, de croustillons, de sucres d’orge, de guimauves et de beignets bien gras sur l’étal ; et au milieu de tout ça, Fanny Rigolette, la marchande aux joues roses et aux bouclettes jaunes. Quand elle m’a vu, elle s’est fendu la tirelire, c’était la première fois qu’on m’donnait ça, à moi, un sourire… et puis, elle m’a tendu une pomme d’amour. Moi je lui ai dit : « Et si on se barrait tous les deux ? » Et elle, du tac au tac, elle m’a répondu qu’elle en avait sa claque des bombecs et du boucan d’la foire, qu’elle rêvait que d’cambrouse et de p’tits zoziaux !
C’est comme ça qu’on s’est fait la malle, elle et moi.
Y a pas eu kidnapping, M’sieur l’agent, je vous l’jure ! Vous avez qu’à cuisiner Fanny Rigolette si vous m’croyez pas !
quelle jolie rencontre celle du monstre Dédé et de Fanny Rigolette !!! une love story fraîche et spontanée même si la Maréchaussée n’a pas l’esprit ouvert ! Merci – Hélène
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Contente que cette rencontre te plaise Gibulène !
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Rho, comment k’cé raconté dans la langue comack, avec le ton idoine, fastoche, rigolard et pas niard pour un sous ! Qu’on s’y croyrait, au milieu d’la foire, avec, derrière les lampion des manèges qui rutilent, les chagrins qui pognent les petits coeurs de forains pas rupins, mais tout farauds tout mignons derrière leurs oripeaux à fichent les chocottes et à fourguer des amuses , sans blague !
bref, ouah, joliment dit cette Belle et la Bête version grand huit !
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Ah ah, merci merci l’ami Carnets! Je vois que tu maitrises parfaitement ce langage !
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Ah ah ! Mais quelle trouvaille ! J’ai adoré cette histoire, cette imagination, je m’y suis vue à la foire, et pis d’abord même pas peur ! J’aurais fait comme ta Fanny Rigolette ! Un délicieux moment, merci ! Sabrina.
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Merci Sabrina, ton commentaire me fait bien plaisir.
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Pour une fois qu’il a eu le courage de vouloir s’amuser, il s’est vu arrêter parce qu’il a dragué une jolie fille??? en plus dans une belle atmosphère de fête? Oh, le pauvre petit!
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Eh oui, la vie est parfois dure ! Mais sûr que Fanny Rigolette va le sortir de là ! Merci pour ta lecture, Mona.
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Si qu’on peut plus s’amouracher sans attirer sur soi l’opprobre et la suspicion, nah mais ! où va-t-on-t-il !?! XD
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🙂 Merci pour ton passage Tiniak
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