
Petit jeu proposé par Emilieberd dans les Plumes d’Asphodèle : placer les 14 mots ci-dessous dans un texte : GENTIL, APPARENCE, POESIE, CACHALOT, INSOLITE, FRISSON, PRIER, COURIR, SE CACHER, PINGOUIN, YOUPI, DEMON, DANGER, DETECTER.
Clovis et la forêt
Malgré sa corpulence de cachalot, Clovis était le plus adorable des hommes. Toujours un mot gentil pour les vieux et les enfants du village, il menait sa vie de garde forestier dans les Ardennes comme une barque sur un lac placide.
Chaque matin, il quittait sa petite chaumière de célibataire à l’orée du bois pour arpenter les hectares de forêt, à la recherche d’un braconnier, d’un animal insolite, d’un danger pour les promeneurs ou simplement d’une poésie. Car, oui, ce brave Clovis était aussi poète et il détectait dans le frisson des feuilles mortes ou dans la cavalcade d’un cerf, la subtilité et la puissance de la nature.
Chaque soir, il se cachait derrière les voilages de son unique fenêtre pour écrire les vers inspirés par la forêt. Il priait pour que personne ne découvre son addiction à l’écriture, il avait peur des moqueries. Son apparence lui avait déjà valu des ricanements sous cape, alors si on découvrait en plus qu’il avait une âme de poète…
Ce matin-là, il quitta son logis plus tôt que d’habitude, il avait l’intuition que cette journée serait différente des autres. « Youpi ! » il était tout excité et se hâtait pour rallier le Sentier des Démons ainsi nommé à cause de ses amanites tue mouche et autres bolets de Satan. Mais, pour le garde forestier, ce n’était qu’un raccourci pour atteindre le palais de fougères aux senteurs fraiches et légères mêlées de bergamote. Au cœur des hautes tiges, il s’arrêta un instant pour s’enivrer de ce parfum, quand tout à coup, il aperçut une bête courant à toute allure. L’animal détalait, aplatissant les herbes devant lui, ce qui donnait le mirage d’un océan secoué de vagues vertes. La créature se déplaçait aussi prestement qu’un lapin de garenne, pourtant elle semblait avoir un bec aussi noir que celui d’une corneille. Intrigué, Clovis activa sa lourde carcasse pour tenter de rattraper la curieuse bestiole. Mais, qu’est-ce qu’elle allait vite ! Heureusement, un tronc d’arbre couché fit chuter la bête que Clovis put enfin rejoindre.
C’est alors qu’il découvrit l’impensable : un oiseau du Grand Nord juché sur le dos d’un lièvre bien de chez lui ! Un pingouin !
En voyant l’homme, le lièvre repartit de plus belle, abandonnant sa monture à plume à son triste sort. Clovis se pencha vers le palmipède et lui demanda de sa voix la plus douce :
-Mais, que fais-tu donc dans nos contrées, animal des glaces ?
-Je suis à la recherche d’un nouvel habitat pour ma tribu ! Le Groenland devient beaucoup trop chaud ces temps-ci et on n’y trouve plus rien à manger…
-Et tu voudrais t’installer ici ?
-Peut-être… Le lièvre m’a fait visiter les environs sur son dos, et je dois avouer que ça me plait bien !
-Tu peux être assuré de ma bienveillance et de ma protection envers toi et ta tribu, pingouin !
C’est ainsi que depuis ce jour, les forêts des Ardennes sont habitées par des centaines de pingouins qui vivent en grande harmonie avec les lièvres, les cerfs, les sangliers, les chevreuils, les perdrix et Clovis, leur cher protecteur !
Merci Marinade d’avoir marié tendrement des mots déposés.
J’aimeAimé par 1 personne
Merci pour ta lecture Lyssamara
J’aimeAimé par 1 personne
Quelle étrange mais délicieuse migration !
J’aimeAimé par 1 personne
Contente que tu aies aimé cette étrangeté, bon week-end !
J’aimeJ’aime
Oh, ben ça fait plaisir de te lire ! Surtout pour une fin aussi mignonne avec Clovis, les lièvres et les lapins ! Belle journée, Sabrina.
J’aimeAimé par 1 personne
Merci beaucoup Sabrina !
J’aimeJ’aime
Bon jour,
Excellent texte ! Entre réalité et conte, la narration se déploie à faire la connaissance d’un homme de cœur et d’un engagement au regard de ce climat changeant …
Bonne journée
Max-Louis
J’aimeAimé par 1 personne
Merci et bonne journée, Max-Louis !
J’aimeAimé par 1 personne
J’adore cette histoire qui pourrait très bien devenir un dessin-animé.
Bises et bon week-end. 😘
J’aimeAimé par 1 personne
Oh, merci beaucoup, Lydia !
J’aimeAimé par 1 personne
Un joli conte initiatique qui parle pourtant de choses graves, comme celle du dérèglement climatique. Pauvre pingouin ! Il ne sera pas mieux dans les Ardennes, sa terre nourricière lui manquera trop ! Mais il est gentil Clovis. Avec un prénom célèbre comme celui-là, issu de ce beau terroir, cela ne pouvait être autrement. Un vrai guerrier fédérateur.
J’aimeAimé par 1 personne
Merci Mariejo pour ce long et intéressant commentaire
J’aimeJ’aime
Et oui! on est en plein du changement climatique! Mais le dire à 2 h. du matin, hier, c’est qu’on en est bien angoissé!!!
>
J’aimeAimé par 1 personne
Insomnie quand tu nous tiens ! Bon week-end, Mona
J’aimeJ’aime
Agréable à lire ton conte et par les temps qui courent son optimisme fait du bien ! 🙂
J’aimeAimé par 1 personne
Merci Laurence
J’aimeAimé par 1 personne
J adooore! On commence à parler de migrants climatiques, mais qui pensait aux pingouins ? Toi !
J’aimeAimé par 1 personne
Merci Mumulagrenouille !
J’aimeJ’aime
Oh que c’est joli…et original
Envoyé de mon iPhone
J’aimeAimé par 1 personne
Merci Carole !
J’aimeJ’aime
C’est bien joliment écrit et je lirai ton texte à mes petits lors d’une prochaine soirée familiale 😉
J’aimeAimé par 1 personne
Comme c’est gentil ! Je suis très honorée, bonne soirée à toi !
J’aimeAimé par 1 personne