
Le texte ci-dessous m’a été inspiré par cette photo de Liam Seskis dans le cadre de l’atelier BRICABOOK numéro 431
Nous sommes en 1980, les téléphones portables n’existent pas encore. Pierre, jeune parisien et Steven, étudiant américain à Paris, sortent de leurs cours à la fac de Jussieu :
P- On va prendre un café ?
S- Wait my friend, avant, il faut que j’appelle mon pawents à Chicago… c’est bon la cabine est libwe !
P- Ok, je t’attends
S- Shit ! j’ai qu’une pièce de un fwanc ! tu peux me pwêter un peu ou pas ?
P- Mais ça va pas ! Me dis pas que tu sais pas comment on bloque une cabine ?!
S- Quoi ? Qu’est-ce-que tu dis ? je ne compwends pas…
P- Mais putain mon pote, me dis pas que tu payes pour téléphoner ?
S-Bah, si, comment faiwe autwement ?
P- Rentre dans la cabine avec moi, je vais te donner un petit cours, tu vas voir… File-moi ta pièce et observe
S- Hey, attention, j’en ai qu’une de pièce !
P- T’inquiète… non seulement tu vas pouvoir parler à ta famille aussi longtemps que tu voudras, mais cette pièce-là, tu vas même pas la dépenser !
S- Je te cwois pas…
P- Regarde bien, la pièce je l’introduis de la main droite dans la fente, comme ça, mais surtout je la lâche pas !
S- Ok…
P- Et maintenant, avec l’index gauche, sois bien attentif à ce que je fais… je m’en vais faire osciller…
S-« Osciller » ??
P- Oui, enfin, vibrer, si tu comprends mieux…
S- Vibwer, ok
P- Je vais donc faire vibrer de façon rapide et continue le support métallique sur lequel repose le combiné avec l’index gauche, comme ça,
Tac tac tac tac tac tac tac tac tac tac tac tac tac tac tac tac tac tac tac tac
Ça y est, j’ai la tonalité. Maintenant, je tape le numéro…c’est quoi leur numéro, à tes darons ?
S- A mes quoi ?
P- Heu… Pardon, à tes parents
S- Zero zero one four five seven two five seven one eight six tree one one
P- Hey ho, pas si vite, et en français dans le texte, if you please my Lord !
S- Ok, ok, alows, ça fait : zéwo, zéwo, un, quatwe, cinq, sept, deux, cinq, sept, un, houit, six, twois, un, un.
P- ………………………………. Six, trois, un, un. Voilà mon pote, alors regarde bien… je tiens toujours ma pièce de un franc entre mon pouce et mon index droit, à moitié glissée dans la fente, ok ?
S- Yes !
P- Je relâche en douceur le support métallique, je récupère ma pièce, et là, Ô miracle, l’outre-Atlantique gratis !! Hello Mister, I give you Steven your « fiston » … Désolé mon pote, j’me débrouille moins bien en anglish qu’en mécanique…Tiens, je te passe ton daddy
S- Ah, ces Fwançais, quel talent !!! Mewci beaucoup mon pote !
Hy Dad, how are you ? and what is the weather like in Chicago? ……………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………
Trois heures plus tard
Good-Bye Dad, good-bye Mum !
P- Bon, Steven, je crois que tu me dois bien un petit café !
S- Désolé, mais j’ai toujouws que une pièce de un fwanc !