Le derrière d’en face

ours


 

Elle se nudifie, elle se défroque, elle s’apoilise toute la journée, mais moi, pauvre bougre, qu’est-ce que j’y peux ? Je lui dis :
– « Albertine, les voisins n’ont pas besoin de voir ton derrière !
– Et pourquoi donc ? Pourquoi les priver d’une telle œuvre d’art ?
Je n’en peux plus, je suis à court d’arguments. Je lui ai acheté un paravent, un peignoir, des rideaux occultants. Elle a tout bazardé :
– A la benne, tes trucs et tes machins frustrants ! Au rebus tes cache-misères ! Moi j’ai envie de le montrer, mon derrière ! Il est dodu, ferme et rosé, il a tout pour plaire !
Alors je suis allé chez le voisin d’en face, je voulais lui dire d’installer des stores pour s’éviter un spectacle pas convenable. C’était un jeune type, genre artiste. Je lui ai dit :
– Je suis votre voisin d’en face …
– Sans blague ? Alors vous êtes le mari du derrière ?!
J’ai pas répondu, mais j’ai senti le chaud monter, monter, jusqu’à mes oreilles et je me suis vu tout rouge dans le grand miroir de son vestibule.
– Mais enfin, vous devriez être fier !
Et puis il m’a montré ses photos, ses esquisses et ses tableaux : le derrière d’Albertine, assis, couché, debout, en marche, culotté, déculotté, stringué, pantalonné … Le joufflu de ma femme sous toutes les coutures.
– Il est superbe, n’est-ce pas ? Mon seul désir serait de le voir de plus près…
Alors moi, j’ai sauté sur l’occasion :
– Je vous fais cadeau de l’original en échange de vos photos, vos esquisses et vos tableaux! »
Depuis ce jour, l’artiste d’en face vit chez moi avec le derrière de ma femme et moi j’ai emménagé chez lui.
Je ne regarde jamais par la fenêtre. J’ai vendu toutes les photos, les esquisses et les tableaux, et je suis devenu milliardaire !

MH

 

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